Blessés mais toujours vivants !

Le PSG s’est incliné 3–1 à Madrid, crucifié en fin de match par le réalisme froid des hommes de Zidane. Mais l’espoir est encore permis pour les Parisiens.

On y croyait avant le match. On y croyait encore très fort à la 83ème, le moment choisi par Cristiano Ronaldo pour punir Paris, imité par Marcelo trois minutes plus tard.

3–1, le score est sévère. Qu’est-ce qui a manqué à Paris ? De l’expérience, essentiellement. De la concentration pendant 90 minutes et pas seulement 80. Trop d’erreurs individuelles ont contrarié les ambitions parisiennes. Giovanni Lo Celso illustre parfaitement les problèmes du PSG sur ce match. Il a été le plus mauvais Parisien sur la pelouse. Des ballons perdus, des fautes inutiles : le jeune Argentin n’était pas à la hauteur de l’évènement. Il s’agissait de son premier grand match de Ligue des Champions, face à des adversaires de grande classe comme Lukas Modric, Toni Kroos ou Karim Benzema directement face à lui. Mais il a joué contre eux comme contre Dijon ou Lille. Il a souvent confondu aisance technique et facilité. Et il est à l’origine du pénalty obtenu par Toni Kroos avec un peu de roublardise. Certes, Le Celso touche l’Allemand avec la main, ce qui constitue une faute. Mais l’expérimenté milieu madrilène en a beaucoup rajouté en s’effondrant dans la surface. Une faute naïve et évitable qui illustre bien l’importance de l’expérience dans cette compétition.

Autre grande déception, la prestation de notre MCN, et celle d’Edinson Cavani en particulier. Jamais trouvé par ses partenaires (ce qui n’est pas uniquement sa faute), il n’a pas apporté assez de mouvement. Trop collé aux centraux du Real, il n’a pas décroché, ne s’est pas excentré. Il a permis à Raphaël Varane et Sergio Ramos de défendre dans un fauteuil, et de se sentir en confiance. Pour autant, sa sortie à la 65ème minute pose question. Et c’est la troisième déception de la soirée : le coaching d’Unai Emery. Il avait fait des choix forts pour son 11 de départ. Lo Celso était aligné en sentinelle, avec le peu de réussite que l’on sait. D’ailleurs, ce poste tellement important dans le système parisien a été occupé tour à tour par l’Argentin, Marco Verratti et Adrien Rabiot. Pas idéal pour l’équilibre. Autre choix fort du coach basque : Presnel Kimpembe titulaire et Thiago Silva sur le banc. Le Brésilien n’a pas manqué à son équipe. Kimpembe est au niveau, on le savait déjà. C’est plutôt les conséquences de ce choix qui posent question. Quelle va être la réaction de Silva sur les prochains matchs ? Sa légitimité est clairement remise en question désormais. A Emery d’assumer ses choix. Et concernant son coaching en cours de match, là aussi on peut s’interroger. Sortir Cavani pour laisser Kylian Mbappé seul en pointe était une erreur, à mon sens. Mbappé n’est pas à l’aise en numéro 9. En revanche, sortir l’ex-Monégasque pour faire entrer Angel Di Maria aurait pu apporter la touche de folie qui a manqué à Paris pour emballer ce match. D’autant plus que les prestations du Fideo depuis le début d’année sont de très, très haut niveau. En ne le faisant pas entrer hier, Emery a pris le risque de fragiliser un joueur pourtant irréprochable et décisif depuis de nombreux matchs.

Mais tout n’est pas à jeter dans le match des Parisiens. Si l’attaque n’a pas été aussi tranchante qu’on l’espérait, le PSG a pu compter sur Adrien Rabiot et Marco Verratti, auteurs d’un très grand match. Seul buteur parisien, le Français a apporté de l’air à son équipe en ressortant proprement le ballon dans des temps forts madrilènes. Il aurait même pu inscrire un doublé sans une intervention, un peu litigieuse, de Sergio Ramos. Marco Verratti nous a régalés de son mélange habituel de technique, de hargne et de vision du jeu. Il est en train de devenir le véritable patron du jeu parisien, et c’est tant mieux.

Il faut aussi souligner la bonne performance de la défense. Yuri Berchiche a été plutôt convaincant malgré quelques mauvais choix en phases offensives. A droite, Dani Alvès est redevenu le temps d’un match le guerrier que l’on connaissait à Barcelone ou à la Juventus. Et on espère le revoir très souvent à ce niveau. Malheureusement il avait face à lui un Marcelo stratosphérique, impossible à contenir. En défense centrale, Marquinhos a été excellent, notamment sur les coups de pied arrêtés. Presnel Kimpembe était peut-être un peu plus timide que d’habitude, mais il a fait un match très solide. Et pour terminer, la meilleure surprise de la soirée vient sans doute possible d’Alphonse Aréola. Son très bon match devrait lui redonner confiance à un moment crucial de la saison. Il n’a fait qu’une erreur, sur le deuxième but de Ronaldo en intervenant devant Marquinhos qui semblait en mesure de pouvoir dégager.

Malgré le score, le PSG a existé dans ce match. Il a secoué et fait douter le Real. Avec un peu plus de réussite et de concentration, Paris aurait même pu l’emporter. Avec un meilleur arbitrage aussi (le carton jaune de Rabiot, la faute de Ronaldo sur Kimpembe non sifflée et qui amène le 2–1, plusieurs fautes grossières sur Neymar qui méritaient un carton jaune…), c’est important de le souligner car ça devient tristement habituel à ce niveau de la compétition. Tout n’est pas perdu, l’espoir est encore permis pour le PSG. Le 6 Mars, le Real sera attendu de pied ferme dans un Parc des Princes qu’on espère brûlant. Un précédent existe. En 1993, dans la même situation, Paris avait renversé la montagne espagnole dans un match devenu légendaire. Paris connaît la marche à suivre pour créer l’exploit. Le rendez-vous est pris !